BIG BOY. Intégrale collection complète en 9 vol.
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BIG BOY. Intégrale collection complète en 9 vol.

Collection complète en 9 volumes. Format 150x220. Couvertures en couleurs conservées. (Ed-11-4)

300,00 € TTC

284,36 € HT

L'intégrale BIG BOY comprenant la totalité des numéros parus dans la 1ere série Artima. L'ensemble est composé de 9 volumes de 350 pages environ.
Retrouvez toutes les histoires de Davy Crockett, Daniel Boone, Buffalo Bill, Kit Carson, Tomahawk...

Horreur !
Les créatures que j’ai imaginées sont devenues vivantes !
Par Fabien Sabatès

Évidemment, le gamin de cette fin 1959 que j’étais ne pouvait pas passer devant une telle couverture de Big Boy sans vouloir lire absolument et tout de suite cette incroyable histoire. Incroyable est le mot et c’est ce qui nous faisait vibrer… La vie réelle, celle de tous les jours à Paris était bêtement croyable, et pour cause… Il n’y avait rien d’excitant à aller chercher le beurre à la motte et le lait en vrac avec mon pot en aluminium chez la crémière, le pinard à la tireuse sans jamais oublier la baguette à 19 centimes. Puis on rentrait à la maison avec les courses dans le cabas. Je tenais la main de ma mère pour traverser dans les clous…
Quelle belle expression surréaliste que… «Traverser dans les clous». Je me demande si un gamin actuel qui n’a jamais vu que des passages pour piétons avec bandes blanches réfléchissantes collées sur la chaussée comprendrait d’une telle expression… Pour les ignards, les passages cloutés avaient de vrais clous, immenses, que les paveurs enfonçaient entre les pavés pour délimiter le passage piéton, mais la tête des clous était extrêmement glissante et plus d’une femme y a laissé un talon aiguille… Il m’était interdit de traverser «en dehors des clous»...
Bon je crois que je m’éloigne, je reviens à Big Boy…
Avec Big Boy, je quittais l’épicier du coin et son béret pour atteindre les étoiles ; vivre des aventures de toutes sortes, sans limites, sans le souci de ne pas avoir fait ses devoirs ou sa punition de cent lignes à l’encre violette : «Je ne dois pas bavarder en classe»… Grâce à Artima — bénis soient les éditeurs de BD —, je voyageais dans le temps, marchait sur des planètes avec ou sans scaphandre orange, fonçait dans l’infini du cosmos (et l’infini c’est vachement loin !) ou je sautais sans effort dans d’autres dimensions.En attendait de devenir cosmonaute russe — le rêve de ma vie —, ma présence sur terre était réglée : réveil, lavage brossage, pain et Banania, vaisselle, école avec récrés, retour, goûter pain au chocolat, téloche Thierry la Fronde, Au nom de la Loi, les Hommes volants ou Rocambole, diner patates ou spaghettis, lecture BD, pipi et dodo… Et le lendemain c’était pareil…
Comme mon Banania, le Big Boy du mois était vite avalé, lu et relu et les histoires racontées, pendant les récrées, à mes copains dans la cour de l’école. Ils m’écoutaient les expédier sur d’autres planètes dont parfois les plantes étaient immenses et vénéneuses… et que dire de ce randonneur qui se retrouva sous terre perdu dans une sorte de labyrinthe et poursuivi par un extra-terrestre ?
Ils étaient bouche bée quand je racontais que la Poste enquêtait sur des paquets qui contenaient des personnes réduites qui se dilataient à leur pleine taille à leur arrivée à destination. Une entreprise se révélant être gérée par un martien entreprenant souhaitant rivaliser avec les tarifs des services ferroviaires et aéronautiques. En voilà des choses incroyables qui leur en bouchait un coin à mes potes de classe… Là aussi belle expression que «boucher un coin»…. On fait comment pour «boucher un coin» ? Un trou je sais, mais un coin ?... Voilà qui me dépasse…
Moi, je n’attendais pas un mois avant le prochain Big Boy, je m’offrais Aventures Fiction ou Météor (choix terrible à faire car je n’avais que 100 francs {anciens} d’agent de poche par semaine) et hop c’était reparti pour de nouvelles histoires… aussi spatiales que… incroyables !

Pourquoi un tel titre ?
Mais pourquoi donc avoir choisi le curieux nom de Big Boy ? Entre nous ce n’est pas terrible et il y avait sans doute des titres bien plus vendeurs, plus alléchants… Ce titre, certes fait «américain» à une époque où on considérait tout ce qui était estampillé US comme formidable, mais ça reste un mystère… En tout cas, aux États-Unis, le pays où ça ne rigole pas avec le nom des marques déposées, existait depuis 1936 une chaîne de restaurants de burgers, du type Mac Donald, justement appelée «Big Boy». Et, dur coup du sort, la direction de ces restaurants eut l’idée de sortir en juillet 1956, un magazine pour ses petits clients intitulé The adventures of Big Boy. Magazine gratuit contenant des jeux, histoires, puzzles, BD, et autres coloriages, histoire de faire patienter les gosses à table autrement qu’à coups de taloches le temps d’être servis.
Et Big Boy devient Big Boss
En cette même année 1956, sans connaître le «Big Boy» américain, Artima créa Big Boy, dont le numéro 1 parut en octobre. Le titre était donc pris et le temps que les informations sur cette revue française utilisant leur nom parviennent jusqu’au siège social des Big Boy Restaurants situé à Warren dans le Michigan, il se passa quelques années. Et un jour cette tranquillité fut brisée. Vers avril -mai 1960, Artima reçu une lettre d’un cabinet d’avocats lui demandant de cesser au plus tôt l’utilisation du nom «Big Boy». En effet «Big Boy» était déposé et protégé internationalement, sous peine d’avoir à payer à la société des restaurants américains des sommes certainement… gastronomiques.

Donc le gérant d’Artima, Émile Keirsbilk s’exécuta. Il changea de titre en catastrophe. Malin, en bon Belge qu’il était, il ne modifia pas grand chose hormis le Boy qui devint Boss. La présentation était la même à quelques détails près et les histoires se poursuivirent dans la continuité dans Big Boss.
Dans le numéro 45 de Big Boy, dernier numéro à porter ce titre, en dernière page, on prévenait quand même le lecteur du changement de nom sur une petite publicité occupant un tiers de page que vous voyez ci-dessus. La transition se fit sans perte de clientèle car le nouveau logo était si proche de l’ancien que nombre de lecteurs ne s’aperçurent sans doute pas tout de suite de la modification.


La BD en rondelles
Le principe de Big Boy/Boss était celui du saucisson. Des histoires aussi courtes et bonnes que les rondelles sont fines… Mais dès le début il y eut des erreurs de casting. Le contenu était un patchwork de genres mal assortis. Du fantastique, des histoires de cowboys (Davy Crockett, Kit Carson, Buffalo Bill, Daniel Boone, Tomahawk, etc.), avec des planches à la limite de la débilité pour les très très jeunes. Ce n’est pas ce que le lectorat attendait, car malgré un titre aussi ambigu qu’américain il y avait bien trop d’histoire de cowboys et pas assez de fantastique ou science-fiction... à la mode.
L’éditeur s’en rendit compte sans doute en constatant ses ventes et les cowboys disparurent de la couverture pour toujours à partir du numéro 11. Les couvertures devinrent alors des miroirs de ce que proposait Aventures Fiction : un dessin intriguant et un personnage qui dit quelque chose de fou, décalé, incroyable… Oui je sais je dis souvent incroyable, mais ne vous inquiétez pas, comme j’en ai tout un stock dans mon ordinateur je les utilise le plus possible, mais cette fois le mot est juste…
Mais bon, tout ça c’est du maquillage… Les cowboys envahissaient toujours l’intérieur (sans doute leurs histoires étaient moins chères à l’achat) jusqu’au numéro 19, facicule à partir duquel ils se firent enfin discrets, presque effacés, pour quasiment disparaître en été 1958. Le lecteur voulait de la science-fiction, de l’espace, et des histoires fantastiques. On lui en donna ! Vous le lirez.

Valse des formats chez Artima
Big Boy est le premier titre Artima en format Digest 12,5 x 17,5 cm — pas loin du 13x18 cm qui deviendra la norme plus tard. Attention à ne pas confondre le format Digest avec le Super Digest en 11x17 cm moins large, un format un peu riquiquitos, rendant les histoires parfois difficiles à lire, qui n’aura pas le succès escompté.
D’ailleurs, pour les amateurs et collectionneurs d’Artima, voici les titres qui furent édités en format Super Digest :
Big Boss n° 50 à 61
Bill Tornade n° 1 à 19
Choc n° 7 à 25
Commando n° 7 à 25
Flash n° 20 à 32
Foxie n° 50 à 61
Ray Halcotan n° 1 à 19
Sidéral n° 32 à 44
Sissi n° 1 à 4
S.O.S. n° 14 à 31
Surboum n° 1 à 6
Evidemment, un petit format c’est moins de papier, car il faut savoir que le poste papier est le plus cher de toute la chaîne de fabrication d’une BD. En divisant son format par deux, Artima peut donc doubler son nombre de pages en passant de 34 à 68 pour le même coût de papier et d’impression et pour le même prix de vente.
Le lecteur lui, se retrouve avec un magazine ayant beaucoup de pages, ce qui est flatteur car il y a plus à lire. Seulement, le double d’histoires signifie financièrement le double d’auteurs ou de droits à payer… Donc on va éviter les créations d’auteurs français, trop chers. Les 20 premiers numéros de Big Boy font donc 68 pages, mais à partir du numéro 21 on passe à 100 pages. Du coup le prix de vente grimpe de 40 à 50 francs, ce qui est honnête.
100 pages, c’est le travail de trois revues en une seule, un coût de dessins à payer multiplié par trois, ce qui fait qu’Artima va acheter les droits de vieilles histoires américaines, dont certaines datent de 1936, pour une bouchée de pain, et seule la traductrice et le lettreur seront payés, mais comme se sont déjà des employés maison, cela fera partie de leur travail sans frais supplémentaires.

Ces 100 pages nécessitent un rythme de travail tel que dès le numéro 31 on redescend à 68 pages… et à 40 francs. Saluons au passage la scrupuleuse honnêteté de l’éditeur qui aurait pu conserver le prix de vente à 50 Francs, mais qui ne l’a pas fait.

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